Cette nostalgie qui ne ressemble à rien d'autre.
Comment porter l'infini dans le quotidien sans sombrer dans la nostalgie paralysante ?
11/18/20252 min lire


Avez-vous déjà éprouvé cette sensation d'être revenu, vivant, mais portant en vous la mémoire lumineuse d'un ailleurs qui ne vous quitte jamais ?
Une nostalgie viscérale, celle d'un état d'être infiniment plus vaste, plus vrai que votre condition ordinaire. Comme si votre âme gardait la trace profonde de cette dimension entrevue, et qu'elle désirait constamment à y retourner.
Le contraste entre l'amour inconditionnel vécu là-bas et la brutalité extrême du retour, amplifiée dans mon cas par un corps broyé sous les tôles du bus, a créé en moi une dissonance émotionnelle profonde.
Quelque chose de plus subtil qu'une dépression classique. Plutôt le deuil d'une vastitude à laquelle je n'avais plus accès, mais dont la mémoire continuait de pulser en moi comme une aspiration infinie vers ce qui avait été touché.
Peut-être que, vous aussi, vous connaissez cette mélancolie particulière. Celle qui ne se soigne pas avec des mots rassurants. Celle qui vous habite même quand tout va bien en surface.
La difficulté n'est certainement pas de choisir entre ces deux mondes, mais de vivre entre les deux. Sans se perdre. Sans renier ce qui a été touché là-bas, ni rejeter ce qui doit être vécu ici.
Comment porter l'infini dans le quotidien sans sombrer dans la nostalgie paralysante ?
Comment s'alchimiser : vivre en harmonie avec soi-même et les autres, tout en gardant vivante cette flamme intérieure qui ne s'éteint jamais ?
Au fil des années, j'ai observé quelque chose. Cette nostalgie garde en elle une forme de guidance. Elle porte la trace de ce que nous avons touché : l'amour inconditionnel, non pas comme un concept, mais comme une réalité vécue.
Ce qui nous revient alors, c'est la question de l'incarnation. Laisser cette lumière guider nos pas, même imparfaitement. Accepter que vivre entre ces deux dimensions incompatibles demande d'habiter la tension. De reconnaître que nous portons en nous une mémoire d'infini qui nous appelle à devenir des ponts, entre l'invisible et le visible, entre la vastitude et l'ordinaire.
Cette nostalgie existentielle pourrait être autre chose qu'un poids. Une force à apprivoiser, peut-être. Quelque chose qui murmure que vous êtes capable de porter cette lumière, même dans la brutalité du quotidien. Que vous n'avez pas à choisir entre les deux mondes, mais à les tisser ensemble, à votre rythme, avec douceur.
Vous n'êtes pas seul à porter cette mémoire d'infini. Nous sommes nombreux à marcher sur ce fil fragile, entre deux réalités inconciliables.
Et ce que nous cherchons, peut-être, c'est simplement à faire vivre ici ce que nous avons entrevu là-bas. Sans rien forcer. Sans rien prouver. Juste en laissant cette présence infuser, lentement, dans l'ordinaire de nos jours.