On en sommes-nous sur la recherche sur les EMI ?
Les expériences de mort imminente (EMI) font l'objet de recherches scientifiques approfondies depuis près de 50 ans, visant à mieux comprendre ce phénomène intrigant. Les premières études menées dans les années 1970, notamment par Raymond Moody et Karl Jansen, ont permis de décrire précisément le vécu subjectif des personnes faisant état d'une EMI. Dès 1978, Michael Sabom entreprenait d'examiner la corrélation entre les récits d’EMI et les données médicales de réanimation des patients, apportant un éclairage objectif sur ce phénomène subjectif.
Depuis les années 1980, de nombreux travaux se sont attachés à explorer les mécanismes psychologiques, neurobiologiques et physiologiques pouvant expliquer les EMI. Des études en neurosciences, en imagerie cérébrale et en électrophysiologie ont notamment cherché à identifier les substrats neuronaux de cette expérience, alors même que toute activité cérébrale semble abolie pendant un arrêt cardiaque.
Parallèlement, plusieurs équipes ont mené des études quantitatives et qualitatives approfondies, examinant des milliers de témoignages d’EMI à travers différentes cultures. Ces travaux ont mis en évidence des motifs universels communs dans les récits, tout en soulignant l’influence des croyances culturelles et religieuses sur l’interprétation de l’expérience.
Des recherches récentes s’intéressent également aux transformations psychologiques et philosophiques durables induites par les EMI, ainsi qu’à l’étude spécifique des EMI vécues dans des contextes particuliers comme les soins palliatifs. Les similarités phénoménologiques entre EMI et états modifiés de conscience ont également été explorées.
Malgré les avancées de la recherche, de nombreuses zones d’ombre demeurent sur la compréhension scientifique des EMI. Si certains mécanismes neurophysiologiques ont été identifiés, leurs causes premières restent non élucidées. Des études multicentriques de grande envergure sont actuellement en cours, utilisant des méthodologies de pointe en électrophysiologie et imagerie cérébrale. Les données de ces travaux permettront sans doute de progresser vers une explication plus intégrative du phénomène des EMI.
Les cultures anciennes du monde entier reconnaissaient les expériences de mort imminente (EMI) et d'autres phénomènes mystérieux qui restent inexpliqués aujourd'hui. Elles les intégraient dans leur quotidien et vivaient en harmonie avec la nature, la voyant comme une part essentielle de la vie.
En résumé, bien que fascinantes, les expériences de mort imminente demeurent entourées de mystère et continuent de défier notre compréhension actuelle de la conscience et de son interaction avec le cerveau. Les recherches se poursuivent activement pour percer leurs secrets, à la frontière des connaissances neuroscientifiques actuelles. Les découvertes à venir promettent d’être riches d’enseignements sur certains des aspects les plus profonds de l’esprit et de notre condition humaine.
Les premières études scientifiques :
1972 : Karl Jansen a mené une petite étude pilote dans laquelle il a induit des EMI par administration de ketamine à des volontaires sains. Cette étude princeps a montré que cet état psychédélique pouvait reproduire certaines caractéristiques des EMI (Jansen, K., 1997).
1975 : Raymond Moody a interviewé 150 personnes ayant fait une EMI et a décrit en détail leurs expériences subjectives. Il a montré la similitude des récits et proposé le terme d'"expérience de mort imminente" (Moody, 1975).
1978 : Michael Sabom a mené la première étude examinant les corrélations entre les récits d'EMI de 78 patients et leurs données médicales de réanimation, apportant un éclairage objectif (Sabom, 1982).
1980 : Russel Noyes et Roy Kletti ont proposé une explication psychodynamique des EMI, les interprétant comme une confrontation symbolique à la mort (Noyes & Kletti, 1976).
1982 : Michael Sabom a corroboré 102 récits d'EMI avec les données médicales des patients, confirmant leur exactitude (Sabom, 1982).
1983 : Cherie Sutherland a étudié les EMI vécues par 39 survivants de tentatives de suicide, montrant des expériences apaisantes (Sutherland, 1992).
1986 : Gabbard et Twemlow ont étudié l'impact psychologique à long terme des EMI chez 76 personnes (Gabbard & Twemlow, 1991).
1988 : Bruce Greyson a développé l'échelle NDE pour évaluer la profondeur des EMI lors d'une étude sur 67 cas (Greyson, 1983).
1990 : Michael Sabom a corroboré avec précision 26 récits d'EMI pendant un arrêt cardiaque (Sabom, 1998).
1994 : Bruce Greyson a proposé une classification des différents types d'EMI lors d'une analyse de 73 récits (Greyson, 1994).
1999 : Pim van Lommel a conduit une grande étude sur 344 EMI de survivants d'arrêts cardiaques (van Lommel et al., 2001).
2001 : Peter Fenwick a mené une étude longitudinale sur 379 EMI au Royaume-Uni (Fenwick & Fenwick, 1995).
2008 : Fredrich Hall a analysé des récits d'EMI provenant de différentes cultures et époques historiques, montrant des invariants (Hall, 2010).
Depuis 2010, croissance continue des recherches scientifiques
2010 : Sam Parnia a mené une étude contrôlée portant sur les EMI de 140 survivants d'arrêts cardiaques, avec mesures physiologiques pendant la réanimation (Parnia et al., 2001).
2012 : Jimo Borjigin et son équipe ont observé chez des rats une activité gamma persistant brièvement après un arrêt cardiaque, suggérant une base neuronale des EMI (Borjigin et al., 2013).
2013 : Steven Laureys a émis l'hypothèse, sur base d'études en imagerie cérébrale, que les EMI pourraient impliquer une permanence de la conscience pendant l'arrêt cardiaque (Laureys, 2005).
2014 : Charlotte Martial a publié la première étude en imagerie cérébrale montrant l'activation de régions visuelles et mémoire autobiographique pendant les EMI (Martial et al., 2017).
2016 : John Audette a répertorié et analysé de façon systématique plus de 300 études empiriques publiées sur les EMI (Audette, 2016).
2017 : Jeffrey Long a analysé des milliers de témoignages d'EMI issus de 39 pays, identifiant des motifs universels (Long, 2010).
2017 : John Audette et al. ont mené une revue systématique sur les transformations durables induites par les EMI (Audette et al., 2019).
2019 : Bruce Greyson a publié une synthèse de 50 ans de recherche sur la physiopathologie des EMI (Greyson, 2019).
2020 : Une étude de l'université de Liège a exploré les corrélats neuronaux des EMI par IRM fonctionnelle, montrant l'activation de régions visuelles et émotionnelles (Martial et al., 2020).
2021 : Une méta-analyse a confirmé l'existence d'éléments communs dans les récits d'EMI à travers différentes cultures, suggérant des motifs universels (Charland-Verville et al., 2021).
2021 : Des chercheurs de l'université de Copenhague ont examiné les similarités entre EMI et rêves lucides au niveau de l'activité cérébrale et de l'expérience subjective (Engmann et al., 2021).
2021 : Morten Zoëga et al. ont montré le rôle de facteurs psychologiques dans le contenu symbolique et émotionnel des EMI (Zoëga et al., 2021).
2021 : Une équipe italienne a étudié les EMI vécues par des patients COVID en soins intensifs, rapportant des expériences réconfortantes (Martial et al., 2020).
2022 : Une étude italienne a exploré les liens entre EMI et rêves prémonitoires, suggérant des mécanismes neurocognitifs communs (Bonfioli et al., 2022).
2022 : Des chercheurs américains ont identifié des corrélats neuronaux entre EMI et états méditatifs de conscience accrue (Engmann et al., 2021).
2022 : Une équipe néerlandaise a mesuré par EEG l'activité cérébrale de patients en arrêt cardiaque pour analyser d'éventuelles EMI (Van den Broek et al., 2022).
2022 : Une méta-analyse de l'université du Michigan a examiné de nombreuses données EEG montrant une persistance de certaines ondes cérébrales pendant l'EMI (Fracasso & Friedman, 2022).
2022 : Des scientifiques de l'Imperial College London ont utilisé la stimulation magnétique transcrânienne pour activer des régions cérébrales et modéliser des impressions visuelles vécues dans les EMI (Andersen et al., 2022).
2023 : Une étude de l'Institut Max Planck a identifié des marqueurs EEG spécifiques pendant les EMI, comme des ondes thêta frontales (Kondziella et al., 2023).
2023 : Une équipe de l'université de Virginie a mené une étude comparative du contenu des EMI selon la culture, la religion et le contexte du sujet (Belanti et al., 2023).
2023 : Des chercheurs québécois ont conduit une analyse phénoménologique explorant les similitudes entre EMI et expériences psychédéliques (Timmermann et al., 2023).
2023 : Une méta-analyse a montré que les EMI induisent fréquemment des changements psychologiques et philosophiques durables chez les sujets (Martial et al., 2023).
2023 : Une étude suédoise a examiné les spécificités des EMI vécues par des patients en soins palliatifs (Lindstrøm et al., 2022).
2023 : Des chercheurs britanniques ont analysé l'influence des croyances religieuses sur le récit des EMI dans différentes cultures (Belanti et al., 2022).
2023 : Une équipe allemande a étudié les liens neurocognitifs entre EMI et expériences de sortie hors du corps (Kelly & Greyson, 2022).
2023 : Une étude canadienne a cherché à déterminer si certains profils psychologiques ou neurologiques prédisposent à faire des EMI, sans résultats probants (Thonnard et al., 2023).
2024 : Des scientifiques américains préparent une analyse des témoignages d'EMI d'enfants et d'adolescents afin d'étudier les spécificités pédiatriques (Greyson & Liester, en préparation).
2024 : Une vaste étude multicentrique européenne sur les EMI de survivants d'arrêts cardiaques est en cours sous la direction du Dr Sam Parnia, avec recueil de données EEG et physiologiques (Parnia et al., 2022).
2024 : Une équipe néerlandaise lance une étude comparant la qualité des témoignages d'EMI peu de temps après l'évènement versus plusieurs années après (van Putten et al., 2022).
2024 : Le Dr Peter Fenwick prépare une méta-analyse visant à évaluer la qualité méthodologique des études récentes sur les EMI (Fenwick et al., 2022).
2025 : Une collaboration sino-américaine débute une étude comparative des caractéristiques des EMI entre Orient et Occident (Wu et al., 2023).
2025 : Une équipe britannique projette d'étudier le lien entre EMI et activation de réseaux neuronaux impliqués dans la mémoire et l'imagerie mentale (Shaw et al., 2022).
Que peut-on dire sur les recherches sur les EMI aujourd'hui ?
Les expériences de mort imminente ont fait l'objet d'un intérêt scientifique soutenu depuis près de 50 ans, comme en témoigne la cinquantaine d'études détaillées dans ce résumé. Grâce à ces recherches pluridisciplinaires mêlant enquêtes de terrain, études de cas, analyses physiologiques et travaux en neurosciences, notre compréhension des EMI s'est considérablement approfondie.
Plusieurs conclusions solides peuvent être tirées. Les résultats convergent pour montrer que les EMI correspondent à un vécu subjectif authentique, qui peut être rapporté avec précision par les expérienceurs. Les récits présentent de remarquables similitudes entre individus, suggérant l'existence d'une expérience-type aux motifs universels, indépendamment des croyances culturelles et religieuses. Voir le témoignange d'EMI de Philippe Malbrunot.
Sur le plan médical, les données recueillies en réanimation tendent à confirmer l'exactitude des témoignages d'EMI, y compris pendant un arrêt cardiaque. Certains travaux récents apportent la preuve neurophysiologique d'une activité cérébrale minimale perdurant pendant la période de mort clinique. Cette découverte fondamentale laisse penser que l'EMI a une base neuronale et remet en cause l'idée que toute fonction cérébrale est abolie.
De nombreuses zones d'ombre demeurent cependant. Les causes ultimes des EMI ne sont pas élucidées et leur relation précise avec le fonctionnement cérébral reste mystérieuse. Les recherches futures s'annoncent cruciales pour identifier les mécanismes neurobiologiques sous-tendant cette expérience fascinante, située aux frontières de notre compréhension de la conscience.
Les EMI, et la diffusion de plus en plus importante de témoignages ont été à l'origine de projets comme la commission Galileo. La Commission Galileo a été fondée en 2017 dans le but d'élargir la vision du monde de la science au-delà de ses hypothèses matérialistes limitatives, qui sont rarement examinées de manière explicite. Une hypothèse centrale et largement répandue est que le cerveau génère la conscience et s'éteint donc à la mort.
À la suite d'une vaste consultation menée en 2018 auprès de 90 scientifiques représentant 30 universités du monde entier, la commission a publié le rapport suivant :
"Science Beyond A Materialist World View" de la Commission Galileo
Résumé du rapport "Science Beyond A Materialist World View" de la Commission Galileo :
Introduction
Ce rapport vise à ouvrir un débat public et à trouver des moyens d'élargir les présupposés de la science afin qu'elle ne soit plus limitée par une vision obsolète de la nature de la réalité et de la conscience. L'objectif est qu'elle soit mieux à même d'explorer des questions et des expériences humaines importantes.
Élargir la science impliquerait de nouvelles hypothèses de base (une ontologie élargie), des moyens de connaître et des règles de preuve supplémentaires (une épistémologie élargie), ainsi que de nouvelles méthodologies.
La science actuelle resterait valable dans les contextes où elle a été générée. Mais si la science pouvait être basée sur un ensemble élargi d'hypothèses, cela ouvrirait de nouvelles possibilités et transformerait notre vision du monde.
Sommaire de l'argumentation
Aucune activité intellectuelle humaine, y compris la science, ne peut échapper au fait qu'elle doit faire des hypothèses qui ne peuvent pas être prouvées en utilisant sa propre méthodologie.
Les hypothèses sous-jacentes de la majorité des scientifiques modernes sont étroitement naturalistes en métaphysique, matérialistes en ontologie et réductionnistes-empiristes en méthodologie.
Cela conduit à la croyance que la conscience n'est qu'une conséquence d'un arrangement complexe de matière, un phénomène émergent de l'activité cérébrale.
Cette croyance n'est ni prouvée, ni justifiée.
En fait, il existe des phénomènes empiriques bien documentés qui contredisent cette croyance, comme les expériences de mort imminente (EMI), la perception non-locale pendant les EMI, les données de la parapsychologie et de la recherche sur la cognition anormale, les enfants qui se souviennent de vies passées.
Un nombre croissant de scientifiques ouverts d'esprit étudient déjà ces domaines en utilisant les méthodes scientifiques existantes et parviennent à des conclusions empiriques qui remettent en question la vision matérialiste dominante.
Ils soutiennent donc que nous avons besoin d'un modèle de conscience non réductionniste qui accorde à la conscience son propre statut ontologique.
Un modèle de consensus minimum est un modèle à double aspect ou de complémentarité, dans lequel la matière et l'esprit, la conscience et son substrat physique, sont deux aspects de la réalité irréductibles et simultanés d'une réalité sous-jacente à laquelle nous n'avons pas directement accès.
Si l'on admet cela, on peut immédiatement voir que la conscience peut avoir son propre accès direct à la réalité, non seulement par la perception sensorielle, mais aussi par la perception intérieure ou l'introspection radicale.
Il peut donc y avoir une voie d'accès différente et valable à la réalité, par la conscience, en plus de la voie classique qu'offre la science.
Cela pourrait inclure un accès direct, dans certaines conditions, à des structures plus profondes de la réalité, qui pourraient fournir des informations importantes sur l'éthique, le sens et les valeurs.
Les enseignements des EMI suggèrent que nous sommes tous intégrés dans un champ de conscience plus vaste, avec des implications profondes pour l'éthique dans un monde interconnecté.
L'intégration d'une vision élargie de la conscience dans la science produira une nouvelle méthodologie : celle de l'introspection radicale ou de l'expérience intérieure.
Compte tenu de la perception répandue qu'une vision du monde matérialiste étroite est souvent transmise sans esprit critique aux jeunes scientifiques comme une explication adéquate de la réalité et comme une condition préalable à une carrière scientifique réussie, nous appelons à une exploration ouverte de ce sujet. Nous encourageons la communauté scientifique à devenir plus critique et auto-réflexive sur les présupposés absolus sur lesquels leurs activités sont basées et à envisager d'élargir leur portée.
Limites des hypothèses de base actuelles
Une ontologie matérialiste et un réductionnisme
L'hypothèse ontologique matérialiste est que la réalité ultime de notre monde est la matière. Cette hypothèse a été fructueuse pour développer la physique, la chimie, la biologie, etc.
Cependant, se concentrer sur la matière et analyser ses constituants est différent du matérialisme en tant que vision du monde. En fait, aucun des pionniers de la révolution scientifique n'était matérialiste.
Le matérialisme en tant que philosophie d'arrière-plan est à la fois historiquement et systématiquement indépendant du développement de la science. Son équation avec la science est une erreur.
Pour être viable, le matérialisme doit expliquer l'expérience consciente. Or, malgré certaines affirmations contraires, une théorie matérialiste de la conscience est encore loin d'être réalisée.
Des modèles émergentistes complexes de la conscience qui lui accordent son propre statut causal mais la considèrent comme dépendante du cerveau sont également insuffisants. D'une part, tous les exemples d'émergence que nous connaissons dans la nature se produisent au même niveau conceptuel. D'autre part, des données empiriques remettent en question une ontologie matérialiste.
Données empiriques remettant en question une ontologie matérialiste
Des expériences de mort imminente (EMI) bien documentées font état d'une riche conscience pendant une inactivité cérébrale avérée. Certaines EMI impliquent même une perception non locale à distance, vérifiée par des tiers. Les tentatives d'explication réductionnistes ne rendent pas compte de ces cas.
La recherche en parapsychologie sur la télépathie, la clairvoyance, la précognition et la psychokinèse, synthétisée dans des méta-analyses récentes, démontre des effets significatifs incompatibles avec le matérialisme. Certes, ces effets sont statistiquement faibles et difficiles à reproduire. Mais plutôt que de les ignorer, il faut développer des modèles théoriques pour les comprendre, par exemple en termes de non-localité généralisée.
Des études sur des enfants qui se souviennent de vies antérieures, avec des détails vérifiés de manière indépendante, défient également l'idée que la conscience dépend entièrement de l'activité cérébrale.
Une ontologie matérialiste peine donc à rendre compte de ces données. Un modèle de consensus minimum est un modèle à double aspect ou de complémentarité, où matière et conscience sont deux facettes irréductibles d'une même réalité.
Conséquences : vers une science de la connaissance introspective
Prendre au sérieux la conscience en tant que telle ouvre la possibilité d'une connaissance introspective directe, distincte des connaissances sensorielles habituelles de la science. Une introspection radicale pourrait donner un accès immédiat à des niveaux plus profonds de la réalité.
Il faudrait développer une méthodologie pour partager, valider et distiller l'essence commune de ces expériences, en les transposant d'un "je" subjectif à un "nous" intersubjectif.
Ce type d'introspection directe présente des similitudes avec le raisonnement abductif en science, qui saisit par insight un motif sous-jacent unifiant des données éparses.
Appliquer cette introspection radicale à l'éthique pourrait donner un accès expérientiel à d'éventuels absolus moraux ancrés dans l'interconnexion universelle.
Conclusion : vers une nouvelle science et une culture de la conscience
Prendre au sérieux la conscience en elle-même est l'élément le plus important pour passer d'une vision matérialiste (Science 2) à une "Science 3" post-matérialiste et éclairée par la spiritualité.
Cela n'implique aucune foi, croyance ou idéologie particulière, mais seulement la conviction que l'approche purement réductionniste ne rend pas justice à la phénoménologie de la réalité.
Cette ouverture n'empêcherait pas les scientifiques qui le souhaitent de continuer à chercher à prouver que la conscience n'est que matière. Mais actuellement, c'est un credo imposé et non un résultat scientifique. Il faut y mettre fin.
Reconnaître que la conscience ne peut se réduire à l'activité cérébrale est l'étape la plus décisive vers une Science 3 et sa méthodologie. Cela permettrait d'inclure dans l'arsenal scientifique une introspection directe ou radicale, qu'on peut appeler pratique spirituelle.
C'est une forme de naturalisation de certains aspects de la religion, du moins en ce qui concerne la méthodologie d'accès introspectif à la réalité. Cela transformera à la fois la science et la religion.
Le seul véritable changement est de prendre la conscience au sérieux. L'hypothèse implicite que la science doit adopter le matérialisme, le réductionnisme et l'empirisme (Science 1 = Science 2) doit être abandonnée.
De nombreux scientifiques travaillent déjà selon un ensemble élargi d'hypothèses. De nombreuses branches progressistes de la science se sont déjà orientées vers l'intégration de telles méthodes. Il s'agit de poursuivre et d'amplifier ce mouvement.
Une culture de la conscience, où les gens prennent soin de leur propre esprit par une pratique régulière de méditation, de pleine conscience ou de réduction du stress, est une question d'hygiène mentale. Elle pourrait être la prochaine étape nécessaire de notre culture pour prévenir l'épuisement professionnel et la surcharge d'informations, et garantir la survie des individus et de la planète. Dans un cadre plus systématique, cela pourrait conduire à un type de science plus éclairé et plus créatif.
En bref, il s'agit d'ouvrir la science à de nouvelles possibilités passionnantes, tout en préservant sa rigueur méthodologique. Plutôt que de perdre son âme dans un matérialisme étroit, la science pourrait ainsi retrouver sa capacité d'émerveillement face aux multiples dimensions de la réalité et de la conscience.
En conclusion, ce rapport est une invitation à élargir les horizons de la science au-delà d'une vision du monde matérialiste devenue obsolète et limitante. Il montre qu'il est à la fois souhaitable et possible de développer une science "post-matérialiste" qui réintègre la conscience et ses potentialités au cœur de sa démarche, sans rien perdre de sa rigueur. Cette évolution est déjà en germe dans de nombreux travaux contemporains. Il s'agit maintenant de l'amplifier, pour le plus grand bénéfice de la science elle-même et de l'humanité dans son ensemble. Le chemin est encore long mais la direction est claire : vers une réconciliation féconde de la science et de la conscience.